mercredi 31 août 2011

Lectures estivales

Petit résumé de mes lectures estivales :




Suite(s) Impériale(s) - Bret Easton Ellis
4/10
Ellis est l'un de mes auteurs américains contemporains préférés, chacune de ses sorties est un événement. Le précédent Lunar Park sorti en 2005 est pour moi son meilleur devant même le désormais culte American Psycho. 6 ans après son dernier effort, BEE revient donc avec ce Suite(s) Impériale(s) qui comme c'est un peu énoncé dans le titre est la suite d'un de ses romans le tout premier Moins Que Zéro. A noter que ce dernier est le nom d'un titre d'Elvis Costello et que sa suite est le titre d'un album de Costello (leur nom originaux bien sûr). 25 ans séparent le premier du dernier et l'histoire reprend les personnages avec leur évolution, ça c'est le point vraiment intéressant, BEE avait à cœur de faire ce roman mais je dois avouer que à l'instar de Zombies il ne m'a guère emballé. L'histoire est un peu floue et manque de rythme, je dois avouer que je n'ai pas vraiment été emballé. Déception donc.


Apocalypse bébé – Virginie Despentes
9/10
J'ai vraiment beaucoup apprécié ce roman (primé au Renaudot en 2010) et pour une raison très simple j'adore Bukowski et je dois avouer que ce roman de la lyonnaise est dans la digne tradition de l'auteur germano-americain. L'histoire est une enquête sur une jeune fille disparue, cette affaire est donnée à Lucie, jeune enquêtrice sage et discrète ; elle demande l'aide d'une confrère, aux méthodes plus qu'opposée aux siennes, au joli pseudonyme de La Hyène. S'en suit un road-movie qui met l'accent sur une superbe galerie de personnages aussi atypiques les uns que les autres. Décrire des personnages et leur donner du relief est d'ailleurs le grand point fort de Despentes. J'apprécie aussi ses références musicales (que l'on connait bien, cf la BO de Baise Moi) et je citerai juste le nom de l'ancien coéquipier de la Hyène reconverti en barman : Cro-Mag. Un très bon roman donc, si l'on excepte la fin plus que moyenne et décevante qui aurait vraiment fait de cet ouvrage un chef d’œuvre Bukowskien.


Le Livre Sans Nom – Anonyme
9.5/10
La grande particularité de ce roman est qu'il n'a pas de nom et que son auteur est anonyme. De grandes suppositions ont été faîtes sur son identité et je dois avouer que j'aurais bien mis une petite piécette sur Robert Rodriguez à la lecture des premiers chapitres. L'histoire est dans le registre de ce dernier, de Quentin Tarantino ou John Carpenter avec des personnages haut en couleur. Tout commence par un massacre dans un bar signé par un personnage dénommé le Bourbon Kid, qui pète un plomb dès qu'il boit de cet alcool. Ce passage et ce personnage rappellent Desperados de Rodriguez (d'où ma piécette). La suite des événements intervient 5 ans plus tard alors qu'une nouvelle éclipse doit avoir lieu et que tout le mode part à la recherche d'une pierre appelée Oeil de Lune aux pouvoirs obscures. Énormément de personnages tous attachants et atypiques (j'imagine déjà le casting si un film est tourné...) et une histoire qui part bien en live comme il faut (un peu à l'image d'une nuit en enfer de... Rodriguez). Un excellent roman qui je l'ai appris depuis peu est le début d'une trilogie, le deuxième volume L'Oeil de La Lune est sorti depuis quelques mois et le troisième Le Cimetière Du Diable ne devrait pas tarder à suivre et peut être qu'à la fin le mystérieux auteur révélera son nom !

lundi 25 juillet 2011

Foolish - back on track





Foolish - back on track
Touls records – beer records – PPH – Paranoia – L'espiceria – Gust Production
8/10
Petite intro au piano toute douce, préambule à un déchaînement bien orchestré. Le premier titre, qui laisse son nom à l'album, annonce tout de suite les teintes de l'album, un punkrock nerveux influencé par la scène outre atlantique de la fin des années 90 (écurie Fat). J'aime bien le chant lâché, sans retenu au relents bien punk, il me fait parfois penser à celui de Consumed, à noter l'excellent jeu de la section rythmique (lignes de basse sur Loneliness, et le rythme perpétuel de la batterie). Routine, le 4ème titre, fait apparaître Till des Guerilla, un morceau très réussi où les deux voix très complémentaires s'accordent à merveille, il est vrai que cet album regorge de featurings je pense notamment à Tom d'Union Jack sur Simple Life, Bounce de Stetson ! sur Sick as Fuck, Romain de Charly Fiasco sur Let's have a ride ou SPBHC sur Stay Cool. Le groupe intègre aussi un saxo qu'il utilise plutôt bien et raisonnablement (excepté peut être sur certains titres comme Nightmare comes true) rappelant par moment les Mad Caddies, dans ce registre ska-punk Out Of Memories est un très bon exemple de morceau accrocheur et efficace.
Foolish est une découverte pour moi, avec une musique qui, à défaut d'être originale, est efficace et devrait rassasier tous les vieux loups nostalgiques de l'age d'or du skate-punk.

mardi 12 juillet 2011

Burning Heads – Hear This



Burning Heads – Hear This
Opposite Prod
8.5/10
Je trouve que cet album arrive vite suite au très bon Spread the Fire et je pensais que celui-ci, et à la vue de sa pochette, allait être un reggae, bonne surprise donc ! Non pas que je n'aime pas les Opposite mais c'est sur le registre de prédilection que je les apprécie le plus. Hear This avec son artwork plutôt réussi est le premier album totalement numérique que j'achète, il faut dire que les Burning savent y faire : le premier week-end l'album était à 1euro. Seul soucis de taille pour moi l'absence des paroles.
L'album commence par un « Destroy Capitalism Anarchy » qui je le pense fait référence à un mec qui a diffusé sur leur net leurs albums, s'en est suivi un échange de messages un peu houleux. Le morceau est bon et lance bien l'album, je trouve que le rythme est un peu ralenti par rapport aux anciens et une flopée de titres sont tout simplement irrésistibles : cheat and lie et Who's got the herb, qui est pour moi le meilleur titre de ce 11ème opus. Pour résumer c'est un bon Burning très plaisant, avec des bons morceaux et des riffs toujours aussi bien sentis, peut être pas le meilleur certes mais de très bonne facture tout de même. Il faut signaler tout de même qu'en 19 ans de carrière le groupe fait toujours partie du gratin mondial dans son style et n'a jamais baissé le pied ni fait de faux pas.

mercredi 15 juin 2011

Speedball – songs of defeat



Speedball – songs of defeat

Oni Red Chords
9/10
Speedball est de retour après leur très prometteur 3 titres l'an passé (3 seconds). Un peu plus cette année (7 au total) mais une vraie confirmation du talent de ce groupe breton. Toujours ancré dans un punkrock aux relents de hardcore le groupe sait parfois ralentir comme par moments sur « I'm wrong » ou l'interlude tout en continuant à être efficaces car c'est sur des morceaux nerveux comme « unsatisfied » ou « we » qu'il cartonne. Je pense aux premiers Strike Anywhere en les écoutant et je suis surpris qu'on entende pas encore parler plus d'eux, j'espère que ce deuxième EP rétablira la donne. En tous cas la production de Christian Carvin, qui a notamment bossé avec Eths est impeccable. Bref c'est mon coup de cœur actuel !

vendredi 3 juin 2011

Interview avec Maladroit

MALADROIT

Je les avais présentés comme le allstar band le plus excitant du moment croisant les membres de Dead Pop Club Guerilla Poubelle, Justin(e), Jetsex et Crossing the Rubicon pour ne citer que les projets principaux. Sont sortis en l'espace d'un an un EP prometteur et un bon album (chroniqués sur le blog). Découvrons un peu plus le groupe avec Olivier et Till les deux chanteurs.




Comment vous est venue l'idée de jouer ensemble ?
Oliv : On se connaît depuis quelques temps avec Till et au détour d'une conversation, on s'est dit pourquoi pas essayer de répéter ensemble pour le fun histoire de voir ce que cela donne. C'était en décembre 2009. On s'était rendu compte que l'on partageait un amour du "spooning" pop punk en commun grâce à Banner Pilot, Teenage Bottle Rocket, Copyrights, Dear Landlord, Dead To Me, et plein d'autres. ET comme il n'y avait pas la place d'incorporer ces envies à 3 accords plein de oh oh oh et ah ah ah à nos autres groupes, l'existence de Maladroit s'est justifiée à elle même. Puis il y avait aussi cette envie de jouer avec d'autres copains. Maladroit au début était Jimmy Jetsex à la basse et Fikce de Justine à la batterie. Fikce désormais dans Poésie Zéro a été remplacé par Cham premier batteur de Guerilla Poubelle. Jimmy est toujours là mais son boulot ne lui permet pas pour l'instant de faire les tournées. Du coup, on a des remplaçants de luxe comme Victor Hogwash/M Sixteen et Mad Fab Mon Autre Groupe/Poesie Zero.

Comment passe t'on des répetes au EP puis à l'album et à la tournée ?
Oliv : Sans réflexion. naturellement. On n'est jamais parti dans l'optique de faire des reprises. Ca c'est bon pour les fêtes de la merguez et le téléthon. Du coup, au bout de 3 répét, on avait déjà une dizaine d'idées de morceaux en stock. On a continué à en écrire et progressivement, on a commencé avoir un set. L'étape suivante cela a bien sûr été les concerts. Or rien de mieux comme carte de visite qu'un EP 45T.
Till : Puis, comme je sortais l'album de The Sainte Catherines avec mon label Guerilla Asso et qu'on les faisait venir en tournée en France, j'ai collé Maladroit sur le coup. Ca nous a semblé être une parfaite occasion pour sortir l'album ! Tout est allé assez vite. En un an on se retrouve avec un 45 tours, un album et deux belles tournées, mais c'est pas comme si on en était à notre première expérience de groupe ! et puis comme on se prend pas trop la tête, ça va vite.
Oliv : Rien n'est trop réfléchi avec Maladroit. On fonce sans rétroviseur, sans GPS. C'est ce qui est fun avec ce groupe.

Ce nom est simplissime mais terriblement accrochant, il y a une anecdote derrière ?
Oliv : Pas vraiment. C'est toujours délicat un nom de groupe. Une fois que tu l'as trouvé, tu dois vivre avec. Du coup, faut savoir l'assumer. On a fait plusieurs listes de noms et celui de Maladroit est celui qui nous bottait le plus. Il fonctionne à la fois en français et en anglais (vu que l'on chante dans les deux langues c'est pas mal), et au final correspond à notre fonctionnement. Pour l'anecdote, on a failli s'appeler Moustache quelque chose. Hot Water Moustache, Spaghetti Moustache… On l'a échappé belle !
Till : oui, Maladroit ça nous va bien, ça illustre bien l'urgence et la spontanéité de ce groupe, notre musique est toujours un peu approximative et les paroles parlent beaucoup de notre inaptitude sociale, on est maladroit avec les filles, le monde du travail, la scene punk...


La pochette de Jerk Alert ça vient d'où d'une référence au allstar band Them Crooked Vulture ?
Till : haha non, je ne connais même pas ce groupe !
Oliv : non, je n'y avais jamais pensé ! Mais non, il n'y a aucune référence à Them Crooked Vultures. le titre du disque "Jerk Alert" signifie attention voici les connards. C'est une référence aux Goonies, un film dont Till et moi sont de grands fans. La photo est celle de Theo Gosselan, un pote du havre. On avait déjà emprunté une de ses images pour le 45T et on trouvait que c'était bien de faire de même pour le disque. Cette photo dégage une sorte d'ambiance à la Harmony Korine que j'aime bien. Je vous conseille d'aller voir les photos de Theo. Elles sont superbes et dégagent vraiment un truc à part.
Till : Il y a un coté complètement maladroit dans cette photo comme dans celle du 45T, ça me fait penser aux kids dans le film de Larry Clark ou effectivement dans "Gummo" de Harmony Korine, ce coté paumé, asocial, fragile et sombre. Mais aussi un peu bouffon et puéril, comme nos chansons.

Comment se fait la répartition du chant ?
Oliv : A la roulette russe. Celui qui ne finit pas son burger doit chanter.

Comment s'est passé l'enregistrement, à l'arrache ou bien préparé ?
Oliv : un peu à l'arrach. Deux jours et demi de prises pour les instruments et deux aprem pour les chants. On tenait à un résultat brut, naturel.
Till : On a fait ça chez un pote et chez mon père, relax avec un budget minus, et on a improvisé pas mal de truc sur le moment.. les fins de certains morceaux, quelques solos de guitare.. c'était fun et finalement on est assez content du résultat !

On ressent plein de références et surtout une grosse culture américaine epitaph/fat de la grosse (et bonne) période, c'est votre référence commune ?
Oliv : On est incontestablement influencé par un paquet de groupes américains. Mais pas Epitaph. Cela fait longtemps que perso je n'écoute plus rien d'Epitaph (à quelques exceptions près comme Off With Their Heads et Frank Turner). Et ce n’a jamais été une influence pour moi (sauf quand les Burning Heads y étaient). On est par contre plus sensibles à certains groupes Fat Wreck comme Teenage Bottlerocket, Banner Pilot, Teen Idols, Dead To Me et Screeching Weasel !
Till : Comme on joue dans plein de groupe à coté, Maladroit est un peu un exercice de style, on s'est posé les bases nous même au debut du groupe, on voulait faire un truc pop punk à l'ancienne, on voulait que ça ressemble à tel ou tel groupe. En terme de labels, les influences iraient plutôt lorgner du coté de It's Alive, Red Scare, Look Out ou les trucs pop qu'il y a chez No Idea..


split acoustique avec les canadiens de The Sainte Catherines
Comment voyez vous l'avenir du groupe ?
Oliv: Aucune idée. On verra bien. Ce groupe, c'est un peu au jour le jour. Je ne sais pas ce que nous réserve l'avenir. On revient juste d'une tournée de 2 semaines CANADA/ Etats Unis avec Dear Landlord et on envisage une dizaine de jours en Europe d'ici la fin 2011. Après, tout dépendra de nos emplois du temps.
Till : on vient tout juste de sortir notre 1er album, on est un jeune groupe encore, on ne se pose pas trop de question. mais c'est clair qu'on est pas dans une optique de groupe "éphémère", on compte bien tourner un max et écrire d'autres chansons !

Comment ça se passe de jouer avec d'autres musiciens que les habituels, y a t'il des habitudes à prendre ou à perdre ?
Oliv : Il y a forcément une période d'adaptation. Un peu comme quand tu démarres une nouvelle relation amoureuse. Mais c'est rafraîchissant.
Till : non il n'ya pas trop de difficulté, on fait tous de la musique depuis longtemps et on a déjà tous fait beaucoup de différents groupes. Le plus difficile reste de s'accorder sur les emplois du temps.

Entre tous vos groupe vous arrivez à vous en sortir ? Et comment décidez vous si une chanson qui vous vient à l'esprit sera pour tel ou tel groupe ?
Till : c'est assez naturel, on fonctionne beaucoup par période.
Oliv : Musicalement, aucun de nos groupes ne se ressemblent. Guerilla Poubelle, Jetsex et Dead Pop Club n'ont pas grand chose à voir à part qu'il y a des guitares. La question ne se pose pas trop. Même si on peut parfois entendre des similitudes avec nos autres groupes. Mais je pense que cela vient surtout de nos chants à Till et à moi.

Si on résume Maladroit en quelques mots ce serait ?
Oliv : du punk-rock de filles pour les mecs..
Till : à moins que ce ne soit l'inverse !

Till et Olivier lors de la passage à l'émission Joining The Circus

Interview avec Patrick "TAD" Foulhoux

Interview avec Patrick "TAD" Foulhoux
 Patrick Foulhoux fait partie de ces incontournables lorsque vous lisez un fanzine ou une revue rock en France. Sa plume a traîné dans tout canard qui se respecte. Activiste aussi au sein du label Spliff dans les années 90, il est revenu récemment dans la place avec son nouveau label Pyromane Records (Tockyo Sex Destruction, Stetson!...) et vient de sortir un abécédaire rock génialement intitulé Le fond de l'air effraie. Court mais riche entretien par mail avec le clermontois.




D'où te vient ce surnom de TAD ? Du groupe ?  
Ce surnom m’a été donné par Pascal “Buck” Roussel, le chanteur des Real Cool Killers il y a une vingtaine d’années. J’aime plus trop entendre ce nom, ça me fait chier pour deux raisons, d’abord parce que pour moi, c’est attaché à Buck justement et ensuite, parce que j’ai un vrai nom et les surnoms m’emmerdent. C’est aussi pour ces mêmes raisons que je continue à appeler Buck, “Buck”. Pour l’emmerder. Il n’avait qu’à pas nous lâcher cette grande saucisse. Buck m’a baptisé Tad parce qu’avec mon groupe de l’époque dans lequel je chantais et je jouais de la guitare, j’avais fait la une du quotidien régional avec une grande photo de ma gueule à l’occasion de la fête de la musique, ce que les Real Cool Killers déjà un peu connus à l’époque n’avaient pas encore réussi à faire. Buck était jaloux. Il disait en rigolant et pour m’astiquer : “C’est pas normal qu’on mette des gros à la une !” et je lui répondais : “Regarde Tad, il fait bien la une des magazines !”. Le groupe de Tad Doyle était très en vue à l’époque. Et hop, ce grand serin m’a surnommé le Tad clermontois et il a répandu ça partout. Ça, pour les cancans, c’était pas le dernier ! C’était notre Joey Ramone à nous ce bestiau, il me manque. Ça fait déjà quatorze ans qu’il a disparu… J’avais monté un groupe mixte qui s’appelait Sorry Wrong Number, ce couillon n’a rien trouvé de mieux que nous surnommer les Souris rondes d’Ambert, vois le boulot un peu. 
 
Tu as monté Spliff Records en 86, qui a sorti les albums des Real Cool Killers, Sixpack ou Sleazy Arse, comment l'aventure s'est-elle finie ? 
Je n’ai pas monté Spliff, j’ai été enrôlé par Buck et Gilbert en 89 / 90, je ne me souviens plus trop. Buck est mort en 97, on a continué le label avec Philippe Feydri, alors bassiste des Real Cool Killers. On a fait deux ou trois disques de plus : Sixpack, Sleazy Arse et Plainraw me semble-t-il après la disparition de Buck. Mais sans Buck, il manquait l’âme du label Spliff Records. On a donc délibérément précipité la fin en organisant un mini-festival pour bouffer la grenouille et les quelques sous qu’il restait sur le compte. On a quand même fait jouer : Jets To Brazil, Euphone, Sleazy Arse, NRA, Bluetip, Aina, Plainraw et je sais plus quoi, ça fait rêver aujourd’hui une affiche pareille en France ! Spliff Records a cessé ses activités en 99 je crois. Par contre, la boutique Spliff est toujours là, elle fête ses trente ans cette année. 


 
Tu as monté récemment un nouveau label Pyromane Records, joli nom, joli logo et tu sembles te fixer une ligne directrice axée autour du rock (Elektocution, Stetson!, Tockyo Sex Destruction...) 
Merci. On a monté ça à deux. C’était notre objectif de départ, faire du rock qui avoine. Mais économiquement, ce n’est pas viable. On a donc tenté d’autres pistes avec de l’électro pop et un excellent groupe d’Angoulême, Hello Bye Bye. Mais c’est une catastrophe, plus rien ne fonctionne. La réalité économique est là ; où on vendait 800 disques il y a un an, on en vend 150 aujourd’hui. Alors qu’on en aurait vendu 2000 il y a trois ans. L’industrie du disque est morte, c’est un fait avéré. Seuls les groupes qui jouent arrivent encore à vendre un peu. Seulement aujourd’hui, il n’y a plus que des salles institutionnelles qui voient leurs financements publics réduire comme peau de chagrin vu les restrictions budgétaires de l’état et donc, qui bétonnent leur programmation d’artistes convenus sans prise de risque. Du coup, les “petits” groupes dits “en développement” n’ont plus accès à ces salles. Faire 15 concerts par an pour un groupe aujourd’hui relève de l’exploit. Quand il n’y a plus de concert, il n’y a plus de vente de disques. Selon moi, pour jouer, on va voir se développer un nouveau réseau alternatif, comme durant les années 80. A Clermont, nous avons le Raymond Bar et l’Hôtel des Vils dans ce circuit, ce sont eux qui vont palier au manque “à jouer”. Et là, pas question de courir après les cachets pour l’intermittence, du coup, on va voir les “artistes” qui en ont vraiment dans le ventre, il va y avoir une sélection naturelle qui va s’opérer, seuls les plus sincères continueront ! Ou alors, on va signer que des groupes punks prêts à jouer n’importe où pour des cacahuètes, s’ils alignent 150 concerts par an et qu’ils vendent 5 disques / concert, ça fera la maille. On abandonnera l’édition musicale et les plans promo gigantesques ! 
 
Pourquoi avoir monté Pyromane et ne pas avoir relancé Spliff ? 
 Spliff sans Buck, impossible. Dans l’esprit, Pyromane est dans la continuité de Spliff Records. C’est sur un plan structurel que ce n’est pas pareil. Spliff était une association loi 1901, alors que Pyromane est une société coopérative. On n’a pas les mêmes contraintes. 
 
Tu as fait partie de nombreux fanzines et magazines à vrai dire tu as du toucher ou plutôt poser tes mots dans tous les canards rock du pays. Que penses tu de la presse musicale actuelle ? Du fanzinat ? 
J’ai participé à beaucoup de publications en effet, en France et un peu à l’étranger. Ma dernière carte de presse date de 2009. Depuis, j’ai arrêté, je continue d’écrire un peu pour un fanzine toulousain, Dig It, je fais un peu de télé locale et je devrais reprendre du service avec Rock Sound. Je planche actuellement sur une émission télé pour la saison prochaine. Ce que je pense de la presse, c’est pas très reluisant. A partir de l’an 2000 en gros, la presse manquant de lecteurs a maintenu son activité en s’appuyant sur les annonceurs, les majors labels qui prenaient des pleines pages de pub contre rédactionnel et donc, qui ont mis la grappe sur les sommaires des magazines. Les années 2000 auront été catastrophiques pour la presse en général. Du coup, comme les annonceurs allongeaient des budgets, on a vu fleurir des dizaines de nouveaux titres qui se reposaient uniquement sur les annonceurs qui voulaient encadrer les médias pour les avoir à leur pogne. Vu que plus personne n’a d’argent, on a vu disparaître énormément de titres en kiosque depuis. Ne reste que les plus “professionnels” soutenus par des éditeurs aux reins solides, encore que cette notion de solidité économique est mise à mal dans toutes les disciplines de la presse, qu’elle soit politique, sportive ou culturelle. Regarde la presse politique, laquelle tient ? La presse d’opinion qui n’a pas fait allégeance au pouvoir genre Le Canard Enchainé ou Marianne. Tu verras qu’après l’éviction de Sarkozy en 2012, Le Figaro va prendre le contrecoup de plein fouet. On se moquait de la Pravda sous Brejnev dans les les années 70. C’est pire aujourd’hui en France avec Le Figaro, TF1… Je te rassure, la presse de gauche bobo parisienne n’est pas mieux lotie. Le Nouvel Obs, Libé ou Le Monde ont bien participé à l’élection de Sarko en 2007 à leur façon, normal qu’aujourd’hui, ils souffrent aussi. On ne se moque pas impunément des lecteurs. Pour en revenir à la presse musicale, elle s’est laissée abuser sans moufter, normal qu’aujourd’hui, un titre peine à écouler 15 000 exemplaires pour les meilleurs vendeurs. Voilà pourquoi Les Inrocks ont changé leur fusil d’épaule en devenant programme télé hebdo et en traitant de sujet bobos qui ne concernent que Le Marais à Paris ! Vu le retrait des annonceurs, il y a de la place pour une presse qui va reprendre en main sa ligne éditoriale. A la manière des Anglo-saxons qui n’ont pas peur de casser un disque en face d’une pleine page de pub de ce même disque. Du coup, on va revenir à des sommaires de qualité… j’espère. New Noise est un peu l’exception, il passe à travers les gouttes mais son mode de fonctionnement s’apparente plus au fanzine qu’au magazine malgré une diffusion en kiosque. A partir de 2000, avec la profusion de magazines, on a vu plein de fanzineux passer directement à l’étape suivante de façon hasardeuse. Le fanzinat a perdu en nombre et en qualité à ce moment-là. Puis, avec l’avènement des webzines, on a vu apparaître d’excellents titres sur la toile tenus par des gens parfois issus d’écoles de journalisme doublés de passionnés de musique. On est de nouveau dans une phase ascendante pour la presse dite “alternative”, la seule qui vaille finalement. J’ai toujours idée d’un vrai magazine de fous furieux, ça trotte dans ma tête justement là… 


 
Le fond de l'air effraie est sorti il y a peu, raconte moi d'où t'es venue l'idée d'un abécédaire rock ? 
Au départ, c’est une commande du fanzine Caf Zic de Mont de Marsan. Un abécédaire comme ils en publient régulièrement dans leurs pages. Comme on voulait diversifier l’activité de Pyromane vu l’effondrement des ventes de disques, on s’est dit : “Publions ce petit essai pour amorcer la pompe” puisqu’il était dans notre intention d’éditer des livres, plus tard, pas encore. C’est l’occasion qui a fait le larron.

Joues tu dans un groupe ou as tu joué dans un groupe ? 
J’ai joué dans plusieurs groupes mais j’ai dû me rendre à l’évidence, je laisse faire ceux qui savent faire. Ce serait bien qu’une grande partie de ceux qui polluent nos antennes aient la même réflexion ! Parce que putain, ce qu’il y a comme déchet la vache ! On entend ces temps-ci des extraits du tribute à Alain Bashung qui vient de sortir et qui sont régulièrement diffusés sur les ondes. Mais bordel, ils sont tous aphones ! Asthmatiques ! Niveau voix, je suis encore capable d’enfoncer 95 % de la production actuelle après un peu de rééducation vocale. 

Je ne connais pas vraiment Clermont, comment est la scène ? 
Elle est comme partout ailleurs, ni plus ni moins passionnante. On a énormément de groupes parce qu’il y a une vraie volonté politique au niveau régional et local, ça permet aux gens de s’exprimer. Mais après, pour beaucoup, c’est “bonjour c’est moi le groupe, je veux une salle super équipée pour une résidence de trois jours, des locaux de répétition parfaitement équipés, un tour bus pour tourner, le studio et le producteur qui va bien pour mon premier album. Dès que j’ai ça, j’apprends à jouer de la guitare !” J’exagère à peine. La difficulté de jouer, les labels qui ne signent plus, ça va permettre d’écumer. Comme je te disais tout à l’heure, on va vite voir les gens sincères.

lundi 16 mai 2011

Atlas Losing Grip – state of unrest



Atlas Losing Grip – state of unrest
Black Star Foundation
6.5/10
Pour appréhender Atlas Losing Grip il faut rapidement regarder en arrière sur le parcours de leur frontman : Rodrigo Alfaro. Rodrigo est l'ancien leader d'Enemy Alliance, d'Intensity et des Satanic Surfers, c'est surtout dans ce dernier groupe que l'on garde le meilleur souvenir de lui. Batteur (2ers EPs), puis batteur-chanteur il a su imposer aux Satanic une section rythmique extraordinaire qui a fait la renommée du groupe notamment sur les 3 premiers (excellents) albums, le groupe s'est ensuite peu à peu assagi Rodrigo se concentrant sur le chant puis à la fin retournant uniquement aux fûts pour laisser le micro au chanteur d'Adhesive. Retour au premier rang avec ALG où il chante et il est clair que poser un avis sur le groupe sans le comparer aux Satanic est compliqué. « Logic » et « bitter blood »commencent plutôt bien l'album et rappellent l'époque de Fragments and fractions, c'est certes rythmé et énergique mais il manque une forte touche d'originalité, pire au bout de quelques titres l'oreille n'accroche plus vraiment et les chansons tournent en fond sonore. « differents hearts differents minds » tente bien de réagir mais c'est de courte durée. Force est de constater qu'Atlas Losing Grip ne se démarque pas de tout ce qui a pu être produit et l'intérêt premier reste vraiment la voix de Rodrigo et les souvenirs qui vont avec.