dimanche 17 novembre 2013

interview - Loading Data



 Le stoner a le vent en poupe en ce moment et Loading Data, maintenant fort de 3 albums, dont un dernier enregistré par le pape du genre, Alain Johannes, avec des featurings de dingues (Nick Oliveiri des Queens of the stone age) était de passage la semaine dernière à Angers au Chabada pour un concert, hélas, devant un public restreint. Il était temps de faire le point avec ce groupe méconnu mais fort talentueux, auteur de l'un des albums forts de 2013.




A l’heure actuelle qui compose le groupe et qui joue quoi ?
Patron : je suis chanteur et guitariste.
Louise : je suis la bassiste
Robin : Je suis le batteur.
Pablo : moi le guitariste
Rodrigue : et moi je suis le manager et ingé-son


Vous avez sorti il y a quelques mois un album qui s’appelle Double Disco Animal Style, c’est un nom un peu barbare, ça vient d’où ?
Patron : Ça vient d’un burger, d’une chaîne de fast food qui s’appelle In & Out qui est sur la côte ouest des Etats Unis et ils ont une spécialité qui est le burger Animal Style de même que les frites à la sauce Animal Style. C’est pas marqué sur le menu, c’est un truc qu’il faut connaître.

Robin : C’est comme si tu vas au Mc Do et que tu demandes le truc en plus. Le concept c’est qu’ils te rajoutent sur ton burger et sur les frites une sauce à base d’oignons frits, de cheddar fondu et de tomate, un truc hyper gras. Du coup on a trouvé le truc sympa et on a repris le nom en rajoutant la touche funky avec Double Disco Animal Style. Ça part d’un délire à l’origine.

C’est un grosse couche de gras en plus sur votre musique en fait !

Qui a réalisé l’artwork?
Louise : L’artwork a été réalisé par une amie, une jeune graphiste qui s’appelle Aude Beaufort qui est étudiante aux Beaux Arts. Elle n’est pas pro, elle ne vit pas de ça, elle fait une formation de tatoueuse à part ça qui est très prometteuse.
Elle a tout un portfolio avec des images qui sortent de sa tête et il y avait cette tête avec des points qui faisaient comme des constellations autour. On a aussi choisi un œil avec un iris et des constellations qui est imprimé sur le cd et il y a aussi une oreille interne de façon planche anatomique pour le livret. On a bossé avec elle, choisi les arrangements, les couleurs et elle a aussi fait le design des t-shirts avec un beau crane et des ailes de papillon. C’est sa première pochette.


L’artwork, c’est important pour vous ?
Le premier album je ne te cache pas que c’est moi qui l’ai fait et il est plutôt dégueulasse. Le deuxième c’était un mec dont je ne citerai pas le nom, et dont j’étais très satisfait à l’époque. Et puis pour le dernier album j’étais très content que Louise me présente à Aude car j’adore ce qu’elle fait, j’ai eu un coup de cœur.
Oui c’est important. Je vais te dire un truc, en 99 quand j’ai commencé ce groupe, je l’ai commencé parce que j’étais avec un copain à San Francisco qui a acheté l’album des Queens Of The Stone Age à la pochette. Il a kiffé la pochette, a acheté l’album et après on l’a écouté et voilà ! Comme quoi une pochette peut avoir son importance. Ça va faire quatorze ans que je suis dans le groupe et c’est grâce à cette pochette que je fais cette musique. 


Comment s’est passé l’enregistrement avec Alain Johannes.
Ça fait longtemps que le groupe existe, on a eu la chance de tourner pas mal avec des groupes américains, ça nous a permis de rencontrer des artistes de cette scène. Alain ne faisait pas partie de ces musiciens qu’on avait rencontrés mais il se trouvait que j’étais à Los Angeles depuis 6 mois quand je l’ai rencontré. Il a écouté ce qu’on faisait, il a kiffé, on a passé une après midi ensemble et il était chaud pour sortir notre nouvel album. Je cherchais un producteur donc c’était super. Je suis retourné en France puis revenu à Los Angeles avec toute l’équipe, enfin une partie de l’équipe car le groupe n’existait pas sous cette forme là, il y avait juste Robin et d’autres musiciens.
Avec Alain, il y avait plein de signes qui faisaient que c’était évident qu’à un moment donné on devait travailler ensemble.
En tous cas c’est un souvenir mémorable, un mec incroyable, un talent de malade, une imagination débordante, une gentillesse à toute épreuve.

Robin : En fait Alain a produit énormément de disques dans les années 80 à 2000 que nous avons adorés et quand tu arrives chez lui, dans cet univers tu as ces disques de platine qui trainent partout : du Chris Cornell, No Doubt, Soundgarden, QOTSA, Them Crooked Vultures… Il a joué dans ces groupes là, il a réalisé les albums de ces groupes-là et toi tu te dis : « qu’est ce que je fais là, petit français ». Pour moi c’était un rêve de gosse de rencontrer ce mec là.

P : J’avais démarché pas mal de producteurs qui correspondaient à notre style et curieusement le seul que je n’osais pas démarcher c’était Alain et c’est lui qui a, au final, produit l’album !

Vous êtes arrivés avec vos morceaux déjà tout prêts ?
Il y avait un squelette, on avait 5 ou 6 morceaux pré-produits, quasi terminés ou terminés même. Les 2/3 qui étaient vraiment des squelettes on les a terminés sur place dans le feu de l’action.

Les deux premiers albums avaient été écrits très rapidement en une semaine et boum enregistrés dans la foulée. Pour celui-là j’ai pas réussi en si peu de temps, ça m’a pris des années et même au bout des ces années je n’étais pas satisfait du résultat. Puis pris dans l’urgence du studio j’ai réussi à terminer.

Qu’a apporté Alain Johannes ?
P : Alain a un milliard d’idées à la seconde ; il n’hésite pas à te conseiller et tu sens quand c’est pourri. Il passe son temps à te faire écouter de la musique : du jazz, du classique, du gros HxC qui tâche…
Par exemple un jour il nous a fait écouter le mec qui chante « don’t worry be happy »…
Louise : Bobby McFerrin
Ouais, donc Bobby McFerrin en Gospel dans une église et il avait une voix extraordinaire. Un truc inattendu. Ça te fout plein d’idées dans le crane et lui il n’a aucune limite, il est capable d’aller très loin dans ses délires. Il y a plein de trucs qu’on aurait jamais faits s’il nous avait pas poussé au cul.

En fait j’étais un peu frustré avec les deux premiers albums parce que c’était pas moi qui gérais, qui étais à la console, en même temps c’était normal ce n’était pas moi le producteur mais tu as des idées de comment tu veux que le morceau sonne et le problème c’est que je n’arrivais pas à m’imposer. Avec Alain j’avais pas besoin d’essayer, j’apportais le morceau et je lui disais comment je voyais le morceau et il comprenait tout comme s’il était dans ma tête c’était incroyable. Je n’ai aucun regret, il n’y a aucun morceau où je me dis, ah je l’aurais plus vu comme ça. Là non avec Alain c’est que du bonheur.

Pour ceux qui n’ont pas participé à la création et à l’enregistrement des morceaux, est-ce compliqué de défendre un album qui n’est pas le sien.
Pablo : Compliqué, non. C’était un vrai plaisir de découvrir les morceaux, (re)découvrir le groupe, car je les avais découvert il y a 6-7 ans de ça. J’ai accroché très vite sur des titres, j’ai mis plus de temps avec d’autres pour au final m’apercevoir que  tout l’album est bon et qu’il n’y a pas de soucis à les jouer. Un plaisir et une belle aventure que de rencontrer tous ces musiciens, cette voix. Je suis très content de faire partie de ce groupe.
L’album, en lui-même, je trouve qu’il est très bien produit, une belle réalisation.

Louise : C’est un honneur, ça fait un an que je suis dans Loading Data et je connais le groupe depuis 4-5 ans avec le deuxième album. C’est le groupe que je rêvais de rejoindre. C’est marrant mais c’est arrivé ! Jouer des morceaux qui ne sont pas les miens y a aucun problème avec ça, en plus ils ont été enregistrés par M. Johannes.
Et puis un truc marrant, comme disait que Lo (Patron), c’est que les choses doivent arriver. Une coïncidence énorme qui s’est passée, c’est que j’ai bossé chez Alain. J’étais dans le groupe de sa nana, Tillman (orthographe ?) à l’époque. J’ai bossé pendant 2 mois avec elle et on répétait chez Alain. J’ai eu un aperçu de ce mec incroyable qui t’inspire à chaque pas qu’il fait, limite écrasant. C’est très très fort. Un truc qui m’avait frappé : avant d’y aller j’avais appris plein de morceaux qu’il avait faits, on a fait une première répète chez lui et on jouait les morceaux bien, assez carrés et à la fin Alain a dit : « Non mais si c’est comme ça, vous rentrez en France, j’ai pas que ça à foutre, vous me jouez le truc à la note près. ». J’ai vu le mec cool mais il faut pas rigoler avec ce qu’il a écrit.
Un peu avant de partir de Los Angeles, Alain me dit : « c’est marrant, c’est l’invasion des Français, j’ai un groupe français qui arrive dans une semaine. C’est Loading Data, ça te dit quelque chose ? » J’ai dit ouais c’est génial, en France, on dit que c’est le groupe qui ressemble aux QOTSA. Et Alain lui-même a dit :  « Ah non pas du tout, c’est un groupe qui a son son ». Et il est bien placé pour parler du style.

Pablo

Louise


Vous bossez sur de nouvelles compos ?
P : j’ai repris l’écriture depuis une semaine. C’est tout récent. En même temps l’album est sorti il y a 6 mois donc on ne va pas retourner en studio tout de suite, on va un peu défendre cet album. On a beaucoup joué en France cette année, on va en Belgique, Angleterre, Espagne, j’aimerais bien aussi qu’on fasse une belle tournée en Europe de l’est et j’aimerais bien en 2014 tourner aux États Unis.
Continuer à composer, sachant que les ¾ des morceaux seront à jeter. Mais on a le temps de composer car je ne pense pas qu’on retourne en studio immédiatement. J’espère qu’on fera  le prochain avec Alain s’il est d’accord.

Vous arrivez à jouer tous les morceaux sur scène ?
Rodrigue : Avec mon regard extérieur au groupe je trouve que ce nouvel album, en live, c’était un challenge. Les mecs sont revenus en France et il n’y avait pas vraiment de groupe. Ils sont arrivés avec un super album mais pas de groupe.  Et ce qui est super intéressant c’est de les voir en concert maintenant. C’est un album ultra riche au niveau des arrangements, des compos. En live il y a un second travail.

Robin : Alain est fan de vieux claviers, c’est un truc qu’on ne retrouve pas en live. On travaille pour l’adapter. Le plus dur à reproduire ce sont les sonorités des guitares, les traitements de la voix. Il a fait des choix qui sont très typés notamment sur les grattes, il salit volontairement certaines guitares et ce sont des trucs qui sont très durs à reproduire, quasi impossibles à reproduire sur scène. Le plus dur c’est de trouver des sonorités, on essaye aussi de bosser les chœurs.

P : C’est un très gros boulot de convertir cet album pour le live.

R : Autre chose, c’est qu’il y a 4 batteurs crédités sur l’album avec chacun son style, et reprendre le jeu et le style de chacun c’est pas évident. Pareil pour Louise à la basse, c’est difficile d’homogénéiser un truc qui ne l’est pas à la base.

Rodrigue : Ce qui est bien c’est que tu trouves une vraie cohérence entre les anciens morceaux . Entre Ghetto Rodeo Blaster et Double Disco Animal Style il y a un vrai creux et en live tu arrives  à avoir un truc cohérent.

Comment vous créez votre playlist ?
Robin : Le truc qui est débile c’est qu’en fonction des salles, des plateaux, tu joues un certain nombre de temps. En ce moment on privilégie le nouvel album parce qu’il est sorti il y a peu. Après il y a des morceaux qu’on ne peut pas virer car les gens les connaissent, ce sont des classiques du groupe.

Louise : ça dépend aussi des groupes avec lesquels on joue. Il y a peu de temps on a joué avec des groupes super métal, grindcore, deathcore et on a axé notre playlist sur les morceaux les plus efficaces.

Comment est l’accueil de ce nouvel album ?
Patron : Il est plutôt positif, on était un peu attendu au tournant car ça faisait longtemps qu’on n’avait pas sorti un truc et pas loin de deux ans qu’il n’y avait pas eu de concert. Cet album est différent de ce qu’on a pu faire jusque là, il est plus chiadé. Après, un fanzine stoner a refusé de le chroniquer car on ne doit plus être stoner, plus à leur goût en tous cas. Ce qui me va très bien je t’avouerais. Ce que j’ai apprécié et qui revient souvent c’est que c’est un album difficile d’accès, qu’il faut écouter plusieurs fois avant de vraiment l’apprécier. Plus tu l’écoutes, plus tu découvres des choses.




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